Se connaître

J'aime dire "Je t'aime" aux gens que j'aime. Il y a quelques temps, alors que je disais à ma grand-mère que je l'aimais, elle s'est exclamée en rouspétant "Ah ! Mais c'est à cause de votre amour que je suis retenue ici !" (Elle voudrait rejoindre mon grand-père décédé en 2014).

CerveauEgoQuelqu'un me disait récemment "Je n'arrive pas à lui dire je t'aime car je ne suis pas sûre". Le fait est qu'elle l'aime mais elle n'est pas sûre qu'il mérite d'entendre "Je t'aime". Déceptions, amertume, épuisement, doutes... on ne dit plus "Je t'aime". Et voici l'égo qui a pris les rênes, il compare, il regarde les faits en termes de bien et de mal, il critique tout ce qui ne va pas chez l'autre, il détermine comment devrait plutôt faire l'autre, il considère que lui fait tout ce qui convient pour que l'autre soit heureux, il estime ne pas recevoir suffisamment de compliments, il trouve une justification à tout ce que l'autre peut lui avoir reproché...

L'égo ne sait-il donc pas dire "Je t'aime" ? Perdu, nous restons dans la dualité en raisonnant ainsi ! L'égo peut dire "Je t'aime" par peur de perdre l'autre, pour le garder. Il rassure l'autre car lui, a besoin d'être rassuré.

JeTaimeDifferentesLanguesL'amour véritable est inconditionnel, il relève de l'être, quels que soient les actions, les avoirs de l'autre. Mais l'égo justement, s'identifie à l'avoir et au faire, alors il y en a des barrières !

En diminuant notre égo, nous découvrons qui nous sommes, notre être, ce que notre corps vit, ressent. Alors l'amour de soi peut pointer le bout de son nez puis l'amour des autres puis nous recevons à foison.

En agissant directement sur l'égo, on s'intéresse à lui donc on le gonfle.

Les leviers pour le diminuer sont indirects :

  • utiliser à bon escient la capacité humaine de croire (spiritualité, psychologie positive...)
  • Yoga ArdhaKurmasanase recentrer sur le ressenti du corps en tant que tel, rassembler et faire circuler l'énergie (méditation, yoga, sophrologie...)
  • développer la connaissance de soi (écouter les messages précieux envoyés par nos émotions et nos sentiments : poser, à froid, respectueusement, des limites si nous avons ressenti de la colère ; réfléchir aux éléments de sécurité dont nous avons besoin si nous ressentons de la peur ; garder confiance dans la vie, s'ouvrir à la nouveauté et voir comment respectueusement combler le manque par soi-même si nous ressentons de la tristesse ; déterminer laquelle de nos valeurs nous avons trahi si nous nous sentons coupable ; évaluer la justesse de nos attentes si nous sommes déçus)
  • améliorer sa communication, choisir en conscience les mots (se mettre à la place du destinataire et tenir compte du contexte)

CheminMontagneChaque petit pas compte et si on se décourage ce n'est pas nous, c'est notre égo qui dramatise, qui a peur. Notre être souhaite profondément se rapprocher de l'état d'amour inconditionnel mais notre histoire a mis en place tant de croyances-freins-protections !

En 2020, je vous souhaite de faire un petit bout de chemin supplémentaire vers l'être unique et formidable que vous êtes. Bonne année !

Marronnier2Je marche dans le bois de Boulogne de Lille. Cela fait très longtemps que je ne m'y suis pas promenée, je redécouvre.
Tout d'un coup, je m'arrête net devant le charme d'une vision.
Un gigantesque marronnier reflète dans l'eau. L'ombre déployée permet à l'image d'être l'exacte copie. La beauté qui émane de la scène m'émeut au point de rester à contempler.
J'observe les branches.
Je reconnais celles d'origine, ayant un parcours naturel et prodiguant mille ramifications.
Et puis il y a des branches qui ont été taillées au ras du tronc, d'autres qui semblent avoir été arrachées laissant un morceau de bois à la perpendiculaire, comme désaffecté, sans feuilles et abîmé.
De nombreuses branches sont jeunes, jaillissant de coupes.
Des petits groupes de feuilles poussent directement du tronc, ça et là.
J'observe.


Ces différences entre les branches m'évoquent la vie humaine.Marronnier4
Des histoires, des projets qui évoluent tranquillement toute une vie. D'autres arrêtés nets parfois sans avoir produit de fruit, d'autres encore qui se sont achevés d'une telle manière que la trace est encore là, encombrante.
Des situations nouvelles prospères nées d'un changement.
Et puis toutes les idées que nous pouvons avoir. Certaines donneront place à des projets, d'autres non. Mais elles ont toutes eu le mérite de créer un fourmillement de vie, une fraîcheur, de la nouveauté.

Ce marronnier, sans non plus désormais considérer les détails de sa ramure mais l'ensemble de son port est globalement beau car globalement construit de manière équilibrée.

Malgré nos erreurs, nos échecs, souvent, en l'occurrence, au final porteurs de fruits, notre vie est globalement équilibrée car nous faisons souvent au mieux selon le contexte du moment.
Il faut prendre un peu de recul pour s'en apercevoir et cela peut devenir un projet en soi.

pince cheveuxJ'allais me coucher et je l'ai vue, sur ma table de nuit.
Je n'ai pas tergiversé, je l'ai saisie pleine d'assurance et je l'ai rentrée au bercail, dans le tiroir de la salle de bain alloué, à sa place précise.

Une fois dans mon lit, je me suis demandé pourquoi j'avais rangé cette pince à cheveux avec autant de rapidité alors qu'à priori ça n'était pas fondamental de la ranger le soir-même. En tous cas moins qu'un sachet d'emmental râpé dans le réfrigérateur ou qu'un livre dans le cartable pour le cours du lendemain.
La réponse fut : ça va me contrarier si je la cherche demain.
Alors comme j'étais en pleine forme, j'ai réfléchi aux raisons pour lesquelles je range, à mes moteurs.
Je range moins que certains et plus que d'autres bien sûr, comme tout le monde ; c'est quoi mon truc à moi avec le rangement ?

Je viens de l'écrire, quand je sais que ça va m'énerver de ne pas trouver tel objet. [Compulsion moteur = éviter la colère]
Et puis quand je sais que des invités vont venir, davantage car je déteste ressentir de la honte que pour leur bien-être à eux. [Réflexion moteur = éviter la honte]
rangementJe range :

  • mon bureau quand ça fait plusieurs jours que le stress monte par crainte d'oublier de faire quelque chose d'important, par exemple la feuille bleue à rendre impérativement au secrétariat du collège pour telle date qui est sous 6 couches d'autres papiers. [Sentiment moteur = angoisse]
  • la cuisine depuis qu'on l'a rénovée il y a quelques années. Avant ça, je ne la rangeais que lorsque je ne pouvais plus rien poser nulle part. Maintenant qu'elle est à notre goût, avec des œuvres des enfants sur les murs, j'en prends soin. [Sentiment moteur = fierté]
  • la table de la salle à manger où nous prenons chaque repas car ado, je détestais que ça ne soit pas le cas (je vois encore les miettes sur la toile cirée !) mais je ne me chargeais pas pour autant de nettoyer, normal ;). [Émotion moteur = dégoût]
  • le linge pour toute la famille car ça me rappelle que mon système "tout sur cintres en penderie dès la sortie de la machine à laver" [je ne repasse rien] est vraiment sensas'. [Sentiment moteur = fierté]
  • le séjour plus souvent qu'auparavant, par amour pour mon mari parce que c'est important pour lui, visuellement parlant - effort immense de ma part ;). [Sentiment moteur = amour]


Quand j'étais ado, je rangeais ma chambre quand on ne voyait plus le sol. [Intéressant, mon moteur n'était ni une émotion ni un sentiment mais juste un aspect pratique d'accessibilité]

Je n'arrive pas à ranger juste pour moi, pour me faire plaisir à moi car je suis imprégnée de croyances telles que :

  • si tout est rangé tout le temps, ça veut dire que je laisse passer les objets avant les humains, ça n'est pas envisageable.
  • une maison avec du bazar est une maison qui vit, c'est sain.
  • si je range tout, tout le temps, tout de suite, je vais être agacée si quelqu'un dérange. Je suis déjà assez pénible comme ça, nul besoin d'ajouter des raisons de râler.

JardinRec

 

Enfin, je ne ressens pas le besoin de ranger la maison car je suis la plupart du temps dans mes pensées ; je vois ce qui traîne sans regarder. Cependant, j'aime que le jardin soit superbe car justement, c'est lui que je regarde quand je suis dans mes pensées.

 

***


puzzleVoilà, c'était un petit exercice d'introspection improvisé que vous pouvez réaliser à partir du mot ranger et plein d'autres verbes. Grâce à lui, je rangerai probablement plus volontiers à l'avenir, bénéficiant d'une relativisation de mon affectivité.

Creusez, laissez du temps à votre mémoire pour retrouver des phrases, des images, des sensations ; elles vous fournissent les pièces du puzzle unique représentant la relation que vous entretenez avec cette action.

 

Je préfère concentrer mon attention sur les détails que sur la globalité. Si vous, c'est l'inverse, au lieu de choisir un seul verbe et de le décortiquer longtemps, picorez un verbe, voyez globalement quelle impression résonne en vous et passez à un autre verbe.


Une fois l'exercice effectué, vous aurez fait un petit pas de côté, pris un peu de recul et fait un peu mieux connaissance avec vous-même, bravo :)

 

 JohnnyHallydayLinstinct

 

L'écoute de la chanson L'instinct de Johnny Hallyday (paroles de Gérald de Palmas) me donne l'occasion d'éclaircir une confusion fréquente entre instinct et intuition.

Une des caractéristiques de l'instinct : lié à notre animalité, nous en sommes tous pourvus. Citons comme exemples certaines peurs (du noir, de l'inconnu, des prédateurs, du vide, de la mort, de la maladie), ce qui est lié à la survie (séduction, accouplement, élevage).

Chez l'homme, l'éducation (voire les lois) encadre l'expression des comportements instinctifs. Une partie du message de Johnny pourrait donc se traduire par "J'aime me laisser aller comme un animal". C'est forcément plus simple et plus facile ... mais ça n'est pas sans conséquences sociales !!

 

Johnny chante : "Sais-tu pourquoi j'ai confiance ? J'écoute toujours mon sixième sens."

Il existe plus que cinq et même plus que six sens (une dizaine en réalité). Les sens ne sont pas numérotés et Le sixième sens est une expression qui signifie parfois intuition (c'est le cas dans la chanson de Johnny) et parfois P.E.S. (Perception Extra Sensorielle) donc une expression induisant en erreur puisque ni l'intuition ni la P.E.S. ne sont des sens physiologiques.

L'intuition, comme l'instinct, nous dicte un comportement. Mais, elle le propose comme un murmure intérieur. Notre vie trépidante en tient peu compte pour deux raisons : sa discrétion et son manque de crédibilité (elle ne survient pas suite à un raisonnement).

averseEt pourtant, l'intuition s'appuie sur des milliers de perceptions et d'informations que nous avons emmagasinées.

Exemple : Chaque été, il m'arrive de prédire à la minute près qu'il va pleuvoir. La phrase "Il va pleuvoir" me vient directement au bon moment. Si je prends ensuite le temps de réfléchir comment j'ai pu prédire cette pluie, je reconnais que j'ai enregistré chaque été depuis mon enfance que lorsqu'il a fait très chaud, que le ciel est chargé de nuages très noirs et que le vent s'est levé, il se met à pleuvoir. Mon cerveau, ma sensibilité ont enregistré des dizaines de fois les circonstances précises du moment où la pluie commence.

C'est ainsi que fonctionnent les gens qui cernent immédiatement la personnalité d'autrui. Ils connaissent très bien les différents aspects des divers types de personnalités humaines et, à partir d'une somme d'informations massives enregistrées passivement ou activement, ils utilisent ensuite leur intuition pour exposer leurs prédictions. Dans ce cas, cela relève donc davantage des probabilités que de la science mais c'est intéressant de voir des personnes utiliser à ce point leur intuition. Certains abusent de l'ascendant qu'ils peuvent prendre sur des personnes fragiles ou facilement impressionnables ... restons vigilants !

L'intuition envoie des messages directs, souvent à peine perceptibles. C'est un arrêt net au moment de fermer la porte et de s'en aller "J'ai oublié quelque chose." Le cerveau sait que nous avons oublié quelque chose mais comme l'intuition ne passe pas par le raisonnement, rien d'autre ne vient et souvent, nous décidons de fermer la porte et partir au lieu de revenir dans la maison et se donner le temps de chercher.

Oui, Johnny, nous devrions faire davantage confiance à notre intuition. Elle est à rapprocher de l'intelligence intrapersonnelle, une des huit intelligences discernées par Howard Gardner.

 

L'amalgame entre instinct et intuition s'explique par :

  • le rôle des circonstances comme point de départ de la réaction
  • le frein de l'expression par l'éducation
  • l'absence de réflexion, de raisonnement

Vous connaissez la rubrique du blog Je ressens donc je pense donc je suis ; dans le cas de l'instinct et l'intuition, on prend un raccourci réel (instinct) ou fictif (intuition) : Je ressens donc je suis !

 

Et pour finir, je vous invite bien entendu à vous entraîner à distinguer l'instinct et l'intuition dans votre quotidien : bon amusement ;) !

En bonus : deux documents aidant à reconnaître les intelligences que nous avons développées et celles que nous pouvons développer :

INTELLIGENCES MULTIPLES DOC1

INTELLIGENCES MULTIPLES DOC2

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Petit moral ce matin.

Des travaux qui s'éternisent, une météo maussade, mon dos qui me fait souffrir et me rappelle mon handicap, mes enfants partis en camp hier, ...

En général, à ce stade là, je glisse vers de mauvaises petites décisions.

Mais cette fois, je prends conscience que, petit moral ce matin. Et, légère amélioration, je reste dans le ressenti.

La phrase de ma mère (phrase qui me bouscule depuis sept mois) "Finalement, ton livre c'est tout ce que tu n'appliques pas à toi-même"  me donne pour la première fois une once d'énergie qui me dirige vers mon livre. Je suis censée faire quoi là maintenant, dans cet état précis ?

La trousse d'urgence.

Qu'ai-je mis dans ma trousse d'urgence ?... Ah oui, une vidéo marrante. Pas besoin d'aller sur l'ordi, je me la passe dans la tête. Je souris.

Un tout petit rien d'énergie en plus. Je sens que quelque chose s'inverse, que je ne regarde plus le sombre mais le clair.

Et me voici à vous rédiger cet article sur le vif (rare !).

Je perçois tellement, dans cet instant, la frontière invisible. De la vexation latente qui abat, je suis passée à la vexation qui renvoie vers l'action.

TheMarshmallowTest

Je suis toujours en train de lire Le test du marschmallow (Voir aussi l'article Station to station) et c'est impressionnant de constater à quel point nos pensées, selon qu'elles soient tournées vers l'ombre ou la lumière, influencent notre vie.

Les personnes sensibles vacillent peut-être plus facilement de la lumière vers l'obscurité mais cette facilité vaut aussi pour le trajet inverse. Nous avons les forces de nos faiblesses. Reconnaître sa sensibilité, c'est pouvoir ensuite l'utiliser pour repérer le passage de la frontière invisible et se retourner en douceur vers l'esprit vaste. Une sorte de sport cérébral !

Je vous souhaite de très bonnes vacances.