Réaction disproportionnée

chaussons

Je suis dans le séjour au rez-de-chaussée.
Ma fille est à l'étage sur la mezzanine donnant sur le séjour.
Je lui demande de lever le volet roulant de la fenêtre de la mezzanine.
Je pars pendre une lessive.
Quand je reviens dans le séjour, je vois que le volet est toujours fermé.
Je sens la colère monter en moi.
Je la ressens, je la repère, je la reconnais et je ne lui laisse pas le temps de prendre toute la place.
Je réfléchis.
Où est ma fille ?

Si elle est descendue au rez-de-chaussée, elle est passée devant le volet et a effectivement omis de faire ce que je lui ai demandé.
En revanche, si elle est dans sa chambre, elle n'est pas passée devant le volet et c'est normal qu'il soit toujours baissé.

Je vois les chaussons de ma fille en bas de l'escalier.
Elle est donc dans sa chambre. Je ne vais pas me fâcher.
Tiens justement, elle arrive.
J'attends qu'elle soit proche de la fenêtre puis lui demande très gentiment : "Ma chérie, est-ce que tu peux lever le volet s'il te plaît ?"
Elle lève le volet puis descend l'escalier.
Je me poste en bas des escaliers, j'ouvre les bras, elle se love contre moi.

Voilà, j'ai évité un pugilat et j'ai gagné un câlin.

Dans nos vies d'adultes, nous avons des choses compliquées à gérer, s'enchaînant à toute allure, auxquelles nous n'avons pas forcément été préparés. Entre renégocier un emprunt, rénover une salle de bains, soigner un enfant malade, assurer au boulot, etc, on a du mal à accepter qu'une personne ne fasse pas tout de suite une chose très simple qu'on lui demande.
Je vois, j'entends hurler sur les enfants ou le conjoint, c'est souvent disproportionné.

En apprenant à reconnaître les tensions, les émotions qui surviennent, on peut petit à petit ne plus se laisser submerger et prendre des bonnes petites décisions.

La sophrologie, la méditation de pleine conscience, Vittoz, ..., qui enseignent la perception, sont de précieux alliés.

Chaque moment de la vie est l'occasion d'apprendre à ressentir.
Pendant un instant, il faut lâcher le faire et le penser pour juste être.

Au sortir du travail, que vous soyez piéton, à vélo, en transport en commun ou dans votre voiture arrêtée à un feu rouge : Essayez de percevoir d'éventuelles tensions physiques. Passez en revue tout votre corps, des pieds à la tête.
Ce que vous avez en tête vous met plutôt dans quelle émotion ?
Prenez conscience de la tristesse ou la colère ou la peur ou la joie ... qui vous habitent.
Respirez, lâchez prise. Là tout de suite, vous êtes vivant.

Les personnes avec qui vous serez les heures suivantes passeront une meilleure soirée.

Bidule C 198x300

Le cochon d'inde de ma fille s'appelle Bidule. Je dois régulièrement lui couper les griffes. Elles ne sont pas constituées comme les ongles des humains. Chez les humains, le coupe-ongle ou les ciseaux font butée contre le doigt et il y a peu de risque de se couper le doigt entier ! Pour les cochons d'inde, les griffes ont une partie comme nos ongles, sans nerfs, sans vaisseaux mais juste en amont, dans le prolongement, c'est vivant ! Il faut donc veiller à ne pas couper trop court sinon on risque de blesser l'animal.

C'est un exercice périlleux et minutieux, les griffes sont incurvées, toutes petites, les unes contre les autres, l'animal bouge, ...

Il y a plusieurs mois, j'ai coupé trop court une des griffes. Bidule a poussé un petit cri, il y a eu une goutte de sang, j'avais ce qu'il faut pour le soigner.

J'ai été choquée par cet épisode, je m'excusais auprès de Bidule, je voulais revenir dans le temps, j'avais mal pour lui,  j'étais en colère contre moi. Ça a continué ainsi jusqu'à ce que ce soit complètement cicatrisé.

Tout à l'heure, j'ai coupé les griffes de Bidule et comme à chaque fois depuis cet incident malencontreux, je me suis sentie contrariée, contractée et je répétais "Ah, je déteste faire ça".  La souffrance que j'ai causée à Bidule était omniprésente et j'ai dû faire un effort pour accomplir ma tâche.

Combien de fois faudra-t-il que je réussisse à lui couper les griffes sans le blesser pour que les séquelles de mon choc s'atténuent ?

Nous sous-estimons souvent à quel point certains évènements laissent des traces en nous. Ils peuvent être utiles et nous aider à retenir comment faire (par exemple préparer une béchamel ou plaquer un adversaire au rugby) mais cela peut aussi nous faire sortir du moment présent, nous freiner, nous handicaper voire nous traumatiser.

Et puis, notre inconscient va en profiter pour tenter de nous renfermer et nous assaillir de pensées "absolues" (signe que c'est l'inconscient qui parle car dans la réalité, il n'y a pas d'absolu). Dans mon exemple, je me suis sentie nulle. Mais si j'avais laissé mon inconscient mener sa barque, il aurait pu m'envoyer des pensées telles que "Tu ne sais faire que du mal" "Tu crois savoir tout faire mais en fait, tu ne réussis rien", etc.

Notre corps, notre mental, nos proches, nous envoient probablement des signaux pour nous avertir qu'il y a souffrance.

Comprendre, apprivoiser, relativiser, partager, reprendre confiance. Il faut du temps, des étapes avant que le corps comprenne :

  • qu'il n'y a plus le même danger.
  • que le mental va tenir compte des risques justement parce que le corps a envoyé des infos au mental.

Toutes les activités permettant une synchronisation corps-mental sont des outils efficaces pour le bien-être.

Plus de pistes...
... pour tous : utilisez votre sensibilité pour essayer de repérer les micro-évènements qui vous contrarient, vous contractent. En étant dans votre corps et moins dans votre mental, vous pouvez ressentir les muscles du visage, des épaules ou les intestins qui se crispent et vous alertent; votre gorge qui se noue, vos mains qui tremblent, ...

Puis prenez le temps de comprendre, apprivoiser, relativiser, partager, reprendre confiance.

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