Fin mars...
1) J'ai lu le dossier du Time intitulé The silence breakers. Il met en avant 61 personnes (dont 4 hommes) qui ont osé parlé en 2017 du harcèlement sexuel qu'elles ont subi.
En lisant les témoignages et l'article de fond, l'impression persistante est celle d'une marchandise qui serait forcément disponible... une sorte de contingent à disposition ou bien le buffet qui accompagne les séminaires : on se sert sans demander. Or la règle de base pour s'épanouir dans les relations sexuelles, quelles qu'elles soient, c'est que les partenaires soient d'accord.
2) Je suis allée voir la pièce de théâtre Cuisine et dépendances et l'une des répliques fut :
(Lors d'une soirée, un homme parle de sa petite amie à un autre invité)
- C'est une pute.
- Tu la payes ?
- Non, une pute normale, bénévole.
3) J'ai repensé à un sketch de la BBC où, dans un commissariat, les rôles hommes-femmes ont été inversés.
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4) J'ai lu l'introduction du livre Les femmes qui aiment sont dangereuses qui dresse le portrait de femmes amoureuses et donne un éclairage sur des œuvres du XVe au XXe siècle.
Laure Adler y explique que depuis la nuit des temps, les femmes sont d'abord perçues comme réceptacle du plaisir masculin. L'amour n'est pas leur affaire, c'est pourquoi elles ont le droit de pleurer (Mater dolorosa). L'amour, elles peuvent le faire, mais pour devenir mère.
Tant d'hommes considèrent, et ne se privent pas de le dire, que ce serait mieux si les femmes parlaient moins et ouvraient juste leurs jambes. Ils voudraient pouvoir disposer d'une sorte de forfait illimité. Ils vivent très mal de ne pouvoir accéder à ce dont ils ont envie. Une femme qui leur a dit "oui" puis les a quitté est une pute. Une femme qui leur dit "non" est une salope. On en revient donc aux hommes qui, par voie de conséquence, se servent sans demander. Ils ne distinguent plus ressentir une pulsion animale et se comporter comme un animal. Ils nous rappellent que certes, ce que nous ressentons existe, et il est préjudiciable de le nier, mais cela ne nous donne pas tous les droits. Ce sont les interdits qui rendent l'humain possible.
Heureux les hommes qui prennent la peine de s'intéresser aux besoins, aux envies des femmes car une femme amoureuse, qui sent la bienveillance de son compagnon, s'ouvre, se donne sans retenue. C'est le sens du titre ironique et provocateur du livre de Laure Adler car le désir d'une femme peut être très puissant. Et ce n'est pas un hasard si le film Sur la route de Madison de Clint Eastwood est un film de référence pour de nombreuses personnes.
En fin de compte, ce concours de circonstances m'a donné envie d'écrire cet article pour proposer aux hommes qui liront ces lignes de briser eux aussi le silence en osant dire "Je ne suis pas d'accord pour parler des femmes comme ça".
Merci :)
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