Il a fallu que je vive une situation très violente et réagisse moi-même violemment par un long message accusateur pour que je décide de m'inscrire à un stage de CNV - Communication Non Violente.
Quand je suis stressée, ma réaction immédiate tend soit à fuir soit à combattre. Le stress sert justement à cela donc rien de nouveau sous le soleil.
Le problème c'est que ce comportement ancré physiologiquement en nous est adapté pour échapper à un danger mais ne l'est pas dans le cadre d'une relation respectueuse entre deux personnes qui tiennent beaucoup l'une à l'autre.
Notre mental a pris désormais une telle place et notre vie s'est tellement complexifiée que nous ne sommes quasi plus stressés par des dangers réels et sérieux (animal sauvage...) mais par des blessures d'enfance réactivées, des angoisses d'avenir inconnu, une quantité trop importante de contraintes à gérer en même temps. Dans tous les cas, notre réponse physiologique de fuite ou de combat est on ne peut plus inadaptée... et nous nous retrouvons à blesser les personnes qui nous sont chères.La fuite peut se traduire par un départ du lieu, par raccrocher au téléphone, par ne plus parler pendant des heures ou des semaines, par une piroutette verbale, un changement de sujet, un virage vers la dérision, une clownerie, par un refoulement du problème voire un déni.
Le combat revêt une large diversité soit de coups physiques soit de paroles méchantes [Ils ont les mêmes effets chimiques dans notre corps. Il est important de les considérer autant destructeur l'un que l'autre]. Le combat, c'est aussi les coups et/ou les paroles que la personne agressée se donne à elle-même. Par exemple "C'est ma faute, je suis nul-le" alors que c'est lui/elle qui se sent agressé-e.
La fuite et le combat donnent une multitude d'occasions au mental de continuer à proliférer : rumination, culpabilité etc.
Les deux stages (de deux jours chacun) de Communication Non Violente auxquels j'ai participé en septembre et octobre 2020 étaient exactement ce que je recherchais :
Savoir reconnaître et exprimer mon propre besoin, demander à l'autre quel est son besoin, l'aider à le formuler si nécessaire.
Depuis ces deux stages, j'ai essayé de mettre en pratique, à l'occasion de situations où un proche m'avait stressée. Que c'est tentant de laisser le mental se défouler ! Que c'est tentant de se murer dans le silence ! J'ai pu constater une fois de plus à quel point j'étais comme entraînée dans cette dualité fuite ou combat qui coupe la relation et, sur le long terme, risque bien de la détruire.
C'est mon amour de moi-même, mon amour de l'autre, mon amour pour la relation en tant que telle qui m'ont donné la clairvoyance et la force pour m'exprimer en m'en tenant aux faits, à ce que j'avais ressenti, à ce dont j'avais besoin.
En revanche, comme c'est difficile, encore bien plus difficile (!), de demander à l'autre ce qu'il ressent et de quoi il a besoin _ alors qu'il a occasionné un gros stress en moi. En creusant, je m'aperçois que j'ai terriblement peur que l'autre réagisse par la fuite ou le combat. J'ai peur qu'il me stresse de nouveau alors que je m'intéresse sincèrement à lui. Et s'il répond réellement à mes questions, j'ai peur qu'il me demande quelque chose que je ne pourrai pas honorer, réaliser, vivre.Alors ?
Alors, à nous de décider en conscience si cette relation vaut la peine de dépenser du temps, de l'énergie. Si elle vaut la peine de prendre le risque d'être à nouveau blessé-e.
Comment savoir ? En faisant de nouveau confiance à l'autre, en espérant, en s'ouvrant, en écoutant.
Osons demander à l'autre ce dont il a besoin quand bien même c'est nous qui nous sentons agressé-e.
Nous serons peut-être surpris-e de constater que loin de nous vouloir du mal, l'autre, s'il arrive à aller voir en vérité au fond de lui/elle, sans se laisser tenter par son mental, exprimera un besoin simple et à notre portée. N'oublions pas d'être souples tous les deux : le besoin est légitime. L'envie, elle, n'est qu'un moyen, un chemin parmi d'autres [Lire la fin de l'article Héros et héroïnes], trouvons un compromis, discutons.
L'amour, la conscience permettent de sortir d'une réaction pré-programmée inadaptée, néfaste à la relation.
Outre la fuite et le combat, qui relèvent de notre part animale, essayons cette troisième voie, pleinement humaine : la communication non violente :))
Liste des ressentis et des besoins
Merci à Christine Dubart